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Intestin irritable : 7 questions à Céline Bernard, nutritionniste-diététicienne.

Mai 18, 2024 | Science

1. Céline, est-ce normal d’avoir mal au ventre ?

Bonne question ! 

La réponse n’est pas si simple car elle dépend du ressenti de la personne. Je m’explique : si vous avez toujours mal au ventre, qu’il fait partie de votre quotidien, donc un mal de ventre chronique, vous diriez probablement que c’est normal, c’est votre “normalité”. 

Si vous avez ponctuellement mal au ventre pour une cause très variée (trop manger, maldigestion, un coup de stress…), vous vivrez ça comme “anormal”. 

Et l’inverse peut-être possible : une douleur chronique considérée comme anormale car ça empêche de vivre la personne et une douleur ponctuelle perçue comme normale car on sait que ça va passer. 

Il y a probablement aussi une question de conséquences et de peurs liées à ces maux de ventre. 

2. Quels sont les symptômes intestinaux les plus fréquents ?

Je vous donne le top 3 des symptômes chroniques que je vois en consultation. 

Le numéro 1, et loin devant… (roulement de tambour) : les ballonnements ! 

Accompagnés ou non de distension et de gaz (odorants et malodorants). Ils impactent clairement la qualité de vie, c’est une vraie souffrance pour les personnes au quotidien qui sont souvent peu pris en considération malheureusement. 

Ensuite viennent les douleurs abdominales, spasmes intestinaux. Seuls ou non, elles sont souvent chroniques. 

Le transit arrive en 3eme position, étant ralenti, accéléré ou altérnant, avec des évacuations plus ou moins complètes, des démangeaisons, changement de couleur.. (je ne vais pas plus dans les détails…). 

Ces symptômes intestinaux sont souvent accompagnés de symptômes gastriques : reflux gastrique, eructations, nausées, pesanteur gastrique… 

Ces symptômes sont ponctuels ou chroniques, liés ou non à des pathologies organiques (organe lésé comme la maladie de Crohn par exemple) ou fonctionnelles (organe non lésé mais avec des causes fonctionnelles comme les syndrome de l’intestin irritable). 

3. Peux-tu nous parler plus en détail du syndrome du côlon irritable ?

Alors, on parle plus d’Intestin Irritable (SII) que de Côlon Irritable car on a remarqué que l’atteinte peut toucher aussi le Grêle. D’ailleurs ce terme va évoluer vers “Dérèglement de l’axe intestin-cerveau”. En effet, plusieurs causes sont à l’origine dont ce dérèglement entraînant notamment une hypersensibilité viscérale, associée ou non à un dérèglement du microbiote (=dysbiose) et des troubles de la motricité intestinale, une hyperperméabilité intestinale… 

11% de la population serait touchée par ce syndrome, diagnostiqué par les Critères de Rome IV. Il s’agit de douleurs abdominales qui ont débutées il y a 6 mois dont 3 mois avec des douleurs hebdomadaires associées à au moins 2 criteres : défécation, consistance, fréquence des selles. On a donc le trio gagnant des symptômes intestinaux détaillés avant. 

Le médecin et/ou gastro-entérologue fait son diagnostic qu’on appelle d’exclusion car cela correspond à une exclusion des autres pathologies gastro-intestinales. Le SII est bénin, c’est important de le préciser, il n’évolue pas vers une pathologie organique mais il affecte beaucoup la qualité de vie. 

4. Il me semble que de plus en plus de jeunes entre 25 et 35 ans sont touchés, le constates-tu aussi dans ton cabinet ?

On ne sait pas vraiment car il faut déjà oser en parler, ce qui est un enorme frein. 

Et cela renvoie à votre première question : “est-ce normal d’avoir mal au ventre?”

Je le vois bien avec l’association APSSII dont je suis bénévole, qui est l’association de patients qui ont un SII. Les adhérents sont surtout des femmes plus âgées mais on voit arriver de plus en plus de jeunes. 

Dans mon cabinet, je vois des patients de tout âge avec un SII en fait. Il y a forcément un biais de consultation mais je pense que les plus jeunes sont mieux informés, les réseaux sociaux parlent du SII, la communication est moins tabou… Et ils ont compris qu’ils peuvent se faire accompagner dès les premiers symptômes et guidés dans cette jungle de solutions contradictoires et parfois anxiogène. 

5. Quelles sont les grandes catégories d’aliments qui sont souvent mal tolérées par les personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable et qui mériteraient d’être limitées dans leur alimentation ?

Les causes du SII sont multiples donc les aliments mal tolérés sont différents selon les patients, ce qui rend l’accompagnement complexe. 

Le point commun est le pouvoir de fermentation d’un aliment dans un contexte intestinal perturbé. C’est de ce principe qu’est née l’alimentation pauvre en FODMAPS = les sucres fermenticibles contenus dans les aliments (Fermenticibles Oligosacharrides, Disaccharides, Monosaccharides et Polyols). L’idée est de réduire ces aliments pendant une période pour les réintroduire ensuite progressivement dans un contexte intestinal beaucoup plus apaisé et identifier ceux qui sont pourvoyeurs de symptômes. 

On retrouve souvent la catégorie des fructanes (ail, oignon, blé… ) et les galacto-oligosaccharides (les légumes secs : lentilles, haricots blancs…).

Mais avant d’attaquer la situation avec la grosse artillerie, les symptômes peuvent être dûs à un déséquilibre de l’alimentation avec des excès d’aliments comme les aliments ultratransformés, les graisses cuites, le café, l’alcool… Et les excès en quantités également. 

C’est l’équilibre personnel qui est en jeu ici et surtout rechercher la cause pour éviter le cercle sans fin de l’éviction alimentaire. D’autres problématiques peuvent être en jeu dont la tolérance à histamine, les salicylates, les sulfites et les hypersensibilités multiples (caséine, gluten…). 

6. Existe-il des remèdes naturels à privilégier ?

Au delà de l’alimentation, la solution la plus naturelle, le contexte alimentaire est aussi important :

Mastiquer ! 

Manger lentement ! 

Manger dans le calme ! 

Ensuite on peut se tourner vers la micronutrition (probiotiques, plantes, vitamines et minéraux…) avec un professionnel de santé formé. 

Et plus largement tout ce qui va permettre la gestion du stress : se mettre en activité (marche, sport…), faire de la cohérence cardiaque qui va stimuler notre nerf vague non négligeable dans ce fameux axe intestin-cerveau, il y a aussi l’ostéopathie, le massage Chi Nei Tsang…

7. On conseille souvent le régime pauvre en fodmap, cependant c’est une alimentation thérapeutique qu’on ne devrait pas suivre pendant plus de trois mois, qu’en penses-tu ?

Pour rappel, la phase 1 d’un protocole low Fodmaps qui consiste à réduire les sucres fermenticibles dure en général 2 à 6 semaines puis la réintroduction en phase 2 entre 4 et 8 semaines. Donc environ 3 mois en effet. Cela veut dire qu’à la fin des 3 mois, la phase 3, on connaît les aliments qui génèrent des symptômes ainsi que les quantités tolérées afin d’aller vers une alimentation la plus équilibrée possible. Après 3 mois supplémentaires, on peut tenter de les réintroduire de façon à améliorer l’équilibre alimentaire. 

Ces sucres fermenticibles sont pour certains des prébiotiques, c’est à dire qu’ils nourrissent notre microbiote et donc contribuent à son équilibre. Faire des evictions multiples sur de longues durées appauvrit le microbiote et ouvre donc la porte à un déséquilibre (=dysbiose) et hop, c’est parti pour d’autres soucis intestinaux et au final on ne sait plus qui est la poule ou l’œuf. 

Céline Bernard est diététicienne-nutritionniste, spécialiste des troubles digestifs et passionnée de nutrition. Elle est la fondatrice des Chroniques du Ventre.

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